Exposition Jean CARZOU

Du 4 mai au 1er juin 2019– Galerie Au Duc de Richelieu

Jean Carzou, Affiche expo

EXPOSITION JEAN CARZOU
Du 4 mai au 1er juin 2019– Galerie Au Duc de Richelieu

Né le 1er janvier 1907 à Alep en Syrie, Karnik Zouloumian, dit « Jean Carzou », se présentait lui-même comme un « artisan-peintre » français d’origine arménienne, à la formation d’architecte indépendant, ne se réclamant d’aucune école. Une soixantaine de créations originales, issues de différents médiums (huiles, dessins et lithographies) seront présentées, dans cette exposition transversale et non chronologique, à travers toutes les œuvres et les documents que Cécile et Laurent ont choisis directement dans l’atelier de l’artiste, en la présence très amicale et bienveillante de son fils, Jean-Marie Carzou.

Il s’agit donc là d’un événement inédit dans notre ville, qui propose de nous faire découvrir ou redécouvrir l’univers singulier de cet artiste majeur de la seconde moitié du XXe siècle, dont la production artistique s’est exprimée durant près de 70 ans.

Un « artiste-peintre » nommé parmi les dix meilleurs peintres
de la génération d’après-guerre

Né le 1er janvier 1907 à Alep en Syrie, Karnik Zouloumian, dit « Jean Carzou », se présente lui-même comme un « artisan-peintre » français d’origine arménienne, à la formation d’architecte indépendant, ne se revendiquant d’aucune école. Il étudie d’abord chez les Pères maristes. En 1924, ses brillants résultats scolaires à l’école Kaloustian du Caire (Égypte) lui valent une bourse de la communauté arménienne.

Il rejoint Paris pour des études d’architecture. À l’approche des années 1930, il « fait des ronds, des carrés » à Montparnasse et vivote grâce à ses caricatures d’hommes politiques publiées dans la presse et à ses dessins sur tissus.

Mais, dès les années quarante, il s’illustre comme étant l’un des grands artistes de sa génération, peintre, graveur et décorateur de théâtre, portant un regard critique et très personnel sur la société en transition progressive vers un monde nouveau.
Depuis 1939, il organise plus de cent expositions particulières de ses œuvres à Paris, en province et à l’étranger. Il participe aussi à plusieurs expositions officielles organisées par la France hors d’Europe, et il reçoit le prestigieux Prix Hallmark à trois reprises (en 1949, 1952 et 1955).

Sa renommée est telle qu’il obtint de nombreuses distinctions (nommé parmi les « Dix meilleurs peintres » de la génération d’après-guerre, Officier de la Légion d’honneur, Commandeur de l’ordre national du Mérite et Commandeur de l’ordre des Arts et Lettres) et que son œuvre fut exposée à l’international (New-York, Tokyo, Moscou, Londres, etc.).
Depuis son arrivée à Paris et jusqu’en 1992, il a exposé au Salon des Artistes Indépendants, société d’artistes à laquelle il avait adhéré dès 1929 et à laquelle il est resté très fidèle.

En 1977, Carzou dessine lui-même son épée d’académicien pour faire son entrée à l’Académie des beaux-arts, dans le fauteuil de Jean Bouchaud.

Une touche unique, si singulièrement reconnaissable,
du château de Versailles aux rêveries d’un artiste

Entre couleurs vives et amour du trait, l’œuvre de Carzou relève d’un art d’une grande puissance créatrice sur le plan du graphisme, mais également de la poésie.

Sa facture unique – marquée de la ligne noire – et sa maitrise technique, voire académique, du dessin sont des éléments caractéristiques, unifiant l’ensemble de sa création.
Carzou ne se contente pas de peindre des toiles bleues, rouges ou singulières. Il enchâsse aussi ses tableaux et ses aquarelles dans des médaillons de velours ou de papiers dentelés.

Mêlant figures de jeunes femmes à l’aspect de cyborgs, corps nus d’inspiration Renaissance, vues de villes architecturées et d’astres fictifs ou bien encore paysages, jardins et illustrations de Versailles, l’œuvre de Carzou, dont les palais et les monuments relèvent souvent de l’imaginaire, prend une dimension mystique et onirique, dans un choix extrêmement divers des sujets représentés.

Carzou a su associer à son œuvre artistique, relevant parfois de l’architecture, une conception dystopique et inquiétante d’un futur de l’an 2000, qu’il revendiquera de façon prémonitoire dès 1957, lors de son exposition intitulée Apocalypse et, dont – à 83 ans – il a paré les murs de l’église de la Présentation à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), devenue Fondation Carzou en 1991.

Cela met en évidence son côté visionnaire, bien au-delà de la seule année 2000 telle qu’elle fut fantasmée chez lui : c’est une vraie vision de l’avenir de l’homme.

Là est la force de son art

« J’ai voulu représenter l’Apocalypse, le climat de notre époque. J’ai pris comme base de travail mon exposition de 1957 à Paris intitulée l’Apocalypse. Cette exposition était composée d’une suite de tableaux inspirés des usines atomiques, de la civilisation machiniste, des champs de tir, des fusées, de la disparition des forêts, la pollution etc. Enfin le voyage dans le cosmos, avant le premier vol dans l’espace des astronautes soviétiques. Mon but : la peur de l’an 2000, un peu comme la peur de l’An Mil. L’intense développement de la technologie, la déshumanisation de la terre, la multiplication terrifiante de l’espèce humaine, le danger de la montée de la surface des mers, la disparition continuelle des espèces animales, l’homme s’enfermant dans un milieu artificiel, font que la terre deviendrait invivable et désertique […] ».

Auteur d’une importante œuvre lithographique et d’illustration, de tapisseries, l’artiste a vu son œuvre consacrée en 1986, à Vence (Alpes-Maritimes), avec l’ouverture d’un musée à son nom qui sera malheureusement fermé quelques années plus tard.

La France, la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Liban, l’Égypte, le Japon ont accueilli plusieurs de ses expositions d’huiles, d’encres, de crayons, de gouaches ou de pastels étranges.

Père de l’écrivain et réalisateur de télévision Jean-Marie Carzou, Jean Carzou avait épousé Nane (Jeanne Gabrielle Blanc), décédée en mars 1998. Il est lui-même décédé le 12 août 2000 à Périgueux, à l’âge de 93 ans.