Exposition Xavier Montoy
Du 14 janvier au 8 février 2023 – Galerie Au Duc de Richelieu
EXPOSITION MATIERES BRILLANTES, MANIERES PENSANTES, OEUVRES CHOISIES DE XAVIER MONTOY
Du 14 janvier au 8 février 2023 – Galerie Au Duc de Richelieu
Explorateur, dessinateur, photographe, inventeur passionné…, c’est dans un style très personnel et engagé, basée sur la matière brillante et mystérieusement pensante qu’il a lui-même créée à partir d’élytres de coléoptères, que l’artiste partage et exprime ses préoccupations, ses émotions et ses découvertes. Nous vous invitons au voyage réflexif et contemplatif en sa compagnie, à travers toute la diversité de son œuvre présentée pendant ces trois semaines d’exposition à Roanne.
Une occasion exceptionnelle de venir découvrir les œuvres (objets d’art, artefacts, bijoux et consoles) de ce jeune designer d’origine roannaise, formé à l’école Boulle puis à l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle au design.
Vernissage le samedi 14 janvier à partir de 11h30.
Présentation de Xavier Montoy
Originaire du Coteau, Xavier Montoy est âgé aujourd’hui d’une trentaine d’années, mais il a déjà acquis une très solide expérience dans le design, domaine à la fois artistique et appliqué. Il a été formé à l’école Boulle, puis à l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle au design.
Au cours de ces années d’études supérieures, il a réussi à allier son imaginaire et sa tendance naturelle artistique, avec son goût pour les sciences de la vie et sa préoccupation pour l’écologie. Ses créations réelles s’inspirant de ce vécu font de lui un designer dans l’âme, qui n’a jamais perdu sa foisonnante inspiration ni son ressenti profond !
Il s’est vite spécialisé dans les collaborations avec le milieu scientifique, ce qui lui a valu de remporter en 2016, avec l’équipe de l’Institut Pasteur, la prestigieuse médaille d’or du concours international « International Genetically Engineered Machine Competition » au MIT à Boston.
Sublimer le vivant
Dans le cadre de sa réflexion à la fois personnelle et professionnelle, il découvre et s’intéresse aux études du psychologue Peter Kahn, sur « l’amnésie environnementale générationnelle ». Faisant écho à la préoccupation biologique et environnementale qui touche sensiblement notre planète en ce début de XXIe siècle, ces travaux expliquent que d’une génération à l’autre, on s’habitue malheureusement à la disparition massive des espèces. Une question se pose alors à Xavier : « Comment imaginer un monde avant cette extinction, sans en avoir de représentation ? ».
Illustrer et raconter le fourmillement des espèces qui s’échappent de nos vies ne suffit pourtant pas à éveiller les consciences. En psychologie environnementale, on parle d’une « Expérience de Nature », nécessaire. Un contact sensoriel avec cette dernière. Une démonstration, par le vécu du corps, que l’Homme fait partie du vivant. Soucieux de transmettre la fascination qu’il éprouve pour ce monde du vivant, ses projets sont comme des arrêts sur image, la matérialisation de sa volonté de cristalliser l’éphémère.
Ainsi, Xavier collecte, morcelle et recompose des brillances issues du vivant. Conserver, sublimer et montrer des fragments de ce vivant qui décline, tout en faisant le pari que la prise de conscience écologique peut aussi se faire par une révélation à la beauté, sont les défis profonds et passionnés qui l’animent.
Fabriquer une matière précieuse à partir d’élytres
Pour expliquer l’essence de son inspiration et de son travail, voilà ce que Xavier nous livre.
« Fabriquer une matière précieuse à partir d’élytres, c’est à dire de carapaces d’insectes, soulève des questions légitimes.
La première, essentielle : d’où proviennent-elles ?
Sternocera aequisignata est une espèce de coléoptère endémique d’Asie du Sud-Est, particulièrement répandue dans le nord-est de la Thaïlande. Cette espèce possède un cycle de vie pouvant prendre jusqu’à deux ans pour se réaliser. Paradoxalement, leur vie adulte est très courte : la période mature, vécue à la surface, dure de deux à quatre semaines. C’est à ce moment que l’espèce se reproduit, avant de mourir.
Une fois par an, entre septembre et novembre, les villageois locaux ramassent alors, sur le sol des forêts, ces carapaces d’insectes dont le cycle de vie a pris fin.
Ils récoltent et trient ces élytres, conscients de l’existence fugace de ces insectes et de cette boucle qui continuera l’année suivante.
Lorsque j’ai commencé à travailler sur cette matière, j’ai été́ frappé de voir à quel point nos vies urbaines ignoraient tout des cycles de vies des espèces qui nous entourent. Avec ces projets, je m’évertue à les rendre visibles.
Chaque plaque de matière que je fabrique est produite en fonction d’un nombre limité d’élytres collectées chaque saison. Le respect des ressources est au cœur de ma démarche, je façonne donc également chaque chute de matière produite à l’atelier.
À la surface des élytres des coléoptères, visibles au microscope, il existe des structures qui interfèrent avec la lumière.
À l’œil nu, elles créent ces brillances changeantes qu’on appelle l’iridescence.
Considérant cette spécificité du vivant comme une matière précieuse, d’une beauté qui se raréfie à mesure que l’activité humaine croît, j’ai créé un matériau qui encapsule ce phénomène. Il préserve, dans tous les sens du terme, cette particularité inimitable.
De trois espèces, découlent trois couleurs, qui varient selon l’incidence de la lumière et la fragmentation. Chaque aplat que je crée est unique, et dessine des constellations dont je fais varier les nuances et le scintillement.
Collecter, observer, s’émerveiller et partager.
Soucieux de transmettre la fascination que j’éprouve pour ce monde du minuscule, où chaque aile et chaque antenne dessine une graphie qu’on n’aurait pu inventer, mes projets sont comme des arrêts sur image, nés de ma volonté de cristalliser l’éphémère dans une matière. Conserver et montrer la beauté des fragments de ce vivant qui décline est le défi qui m’anime ».